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Des contes et légendes
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6 avril 2008

Quitte pour la peur

J'étais dans mon lit occupé de rêveries. J'entends ouvrir la porte, je vois entrer un inconnu à grande figure blanche. Il m'appelle familièrement par mon nom et me dit de me lever promptement. Je prend ma robe de chambre en tremblant ; il s'approche de moi, m'invite par ses gestes pressants à me mettre sur un siège auprès de ma fenêtre. Dès que je suis assis, je sens qu'il me prend brusquement par le cou et il me le serre fortement ; il me couvre la joue avec la main gauche, d'un boulet capable de me briser les dents. Une sueur abondante se répand sur tout mon visage ; je sens les gouttes en tomber de tous les côtés. Cet accident me saisit au point que j'en perds la respiration et je suis couvert d'écume, sans pouvoir proférer une seule parole ; l'inconnu m'a défendu de parler ou de crier. Au bout de quelques instants, je le vois se saisir d'une arme blanche, dont la lame est très reluisante ; il me la porte sur la gorge en sorte que je ne suis qu'à un demi-doigt de la mort. Je sens couler mon sang et, en bon chrétien, je recommande tout bas mon âme à Dieu. Ma frayeur fait apparemment impression sur ce mortel flegmatique ; il prend de l'eau et du vinaigre, dont il m'arrose le visage ; la cuisson que je sens me fait ouvrir les yeux ; alors mon homme me  saisit par les cheveux et il me lie. Je le vois aussi s'emparer d'une autre arme dont je crois qu'il veut me brûler la cervelle, mais le feu ne fait que m'effleurer les oreilles. Il m'empaquette les mais sur une espèce de linceul pour que je ne puisse pas les remuer. Voyant que je respire toujours, il m'arrache bien des cheveux et paraît vouloir m'étouffer dans un tourbillon de poussière. J'avais déjà fermé les paupières, mais pour consommer son ouvrage, il prend de nouvelles armes qui lui restaient encore, et qu'il tire de sa poche : "C'est, me dis-je, le ciseau de la Parque avec lequel il veut essayer, mais en vain, de couper le fil de mes jours !" J'étais tout tremblant et immobile d'effroi comme un homme qui n'attend que sa dernière heure. Mon bourreau aperçoit une bourse qui était sur ma commode, il s'en saisit et me reprend au collet et par les cheveux. A ce dernier trait, j'ouvre les yeux pour la seconde fois et je m'empare brusquement d'un couteau que je trouve sous ma main. Cet acte d'énergie lui fait prendre la fuite. Je m'essuie le visage devant le miroir. Peu à peu je me reprends et je m'aperçois (Eclatant de rire) que mes cheveux étaient frisés, coiffés, pommadés, ma barbe faite. Mon assassin était un nouveau garçon coiffeur que son maître m'avait envoyé et qui était muet. Jugez de ma stupéfaction et de ma satisfaction. J'en étais quitte pour la peur, mais entre nous, c'était une peur bleue.

François HESNAULT

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