Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Des contes et légendes
Publicité
Des contes et légendes
Archives
Derniers commentaires
Des contes et légendes
Newsletter
6 septembre 2007

Une étonnante expérience de télépathie

Tout le monde ne croit pas à la perception extrasensorielle. Elle joua pourtant un rôle important dans la vie d'un petit chat noir nommé Freddie.

L'histoire de Freddie est insolite d'un bout à l'autre. Freddie était un petit chat noir au poil soyeux qu'il me fut impossible de refuser quand on me le donna dans le parking d'un supermarché de Hollywood par un matin d'été. Un jeune couple m'aborda comme j'apportais un sac d'épicerie à ma voiture.
"Madame, me dit le garçon, nous vous avons vu entrer, et nous avons tout de suite compris que vous étiez une "femme à chats". Nous aimons beaucoup celui-là, mais nous ne pouvons pas le garder. Voudriez-vous l'adopter ?"
Leur franchise m'amusa. Je pris le demi-persan de sept semaines dans mes bras et plongeai mon regard dans ses prunelles topaze. Un courant passa entre nous.
Il ne détourna pas les yeux. Il se mit à ronronner, et son ronronnement disait clairement : "Prends-moi". Je regardai sa queue tordue qu'une malformation faisait curieusement ressembler à la queue touffue d'un écureuil.
"Mais oui, je vais le prendre", dis-je en le frottant doucement contre mon visage.
Je remerciai les jeunes gens. J'avais l'impression d'être le jouet de forces inconnues. Peut-être acceptai-je cette petite créature d'ébène à cause d'une conversation que j'avais eue précisément la veille au soir avec une amie qui étudiait la perception extrasensorielle.
Sachant que mon chat tigré, Sam, avait disparu, elle m'avait offert son aide sous la forme d'une méditation observant certains rites. Il s'agissait d'atteindre l'animal en se servant du pouvoir psychique que, disait-elle, chacun de nous possède à des degrés divers. Si Sam était vivant, elle était convaincue qu'un puissant appel télépathique le ramènerait au bercail ; s'il était mort, un autre chat, au psychisme développé, viendrait le remplacer sans tarder.
Bien qu'elle s'exprimât avec une grande conviction, je demeurai tout d'abord sceptique, mais c'était une femme très gentille, tout à fait normale et nullement adonnée à la magie, de sorte que je l'écoutai et qu'en définitive, l'espoir et la curiosité l'emportant, j'acceptai sa proposition.
Le lendemain matin, je m'étais sentie absolument obligée d'aller au supermarché.
J'appelai Freddie le nouveau chaton, à qui ses pattes trop grosse pour son corps donnaient une allure gauche de bébé. Je ne tardai pas à m'apercevoir qu'il était confiant et qu'il adorait la musique. Si je lui fredonnais une berceuse, il tombait alors dans un sommeil voluptueux, mollement couche sur mes genoux. Il aimait l'amour qu'on lui portait et sur lequel il comptait de la part de tout le monde, et il accueillait mes amis avec entrain.
En un temps record, il s'était niché dans mon existence avec une sensibilité si intense que notre entente me parut quelque chose de tout à fait exceptionnel. Nous nous trouvions sur la même longueur d'onde, celle peut-être de cette perception extrasensorielle qui nous avait apparemment mis en contact. J'en voyais pour preuve les réactions de Freddie à l'égard de Janne, l'amie qui m'avait fait bénéficier de ses conseils la veille du jour où il avait fait irruption dans ma vie. Il savait quand elle était en route pour venir me voir et, quand elle était là, il ne la quittait pas.
Qu'il fût roi ou bouffon, il était persuadé que le monde lui appartenait. Et ce fut vrai pendant les quinze mois que nous vécûmes ensemble sur les hauteurs de Hollywood. Hélas ! le jour arriva où je dus aller habiter New York, et là il me serait impossible d'avoir un chat. La mort dans l'âme, j'offris Freddie à Janne, mais elle possédait un vieux caniche très malade et qui n'avait plus que quelques mois à vivre. Ce n'était qu'après la mort de son chien qu'elle aurait pu prendre Freddie. Jusque là, nous décidâmes qu'elle le placerait chez une amie, Mary, qui habitait de l'autre côté de la ville.
Quand Mary vint chercher le chat, j'essayai de me conduire en adulte et y réussis presque, sauf au dernier moment où l'air de souffrance et de dignité blessée de Freddie m'anéantit. Son regard accusateur me hante encore. Dans sa dévotion totale, il me suppliait de ne pas lui faire cette chose terrible. J'étais en larmes, mais je le laissai partir.
freddie

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité