Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Des contes et légendes
Publicité
Des contes et légendes
Archives
Derniers commentaires
Des contes et légendes
Newsletter
14 janvier 2007

La marmite du diable

Conte des Flandres

Au temps jadis, il n'y avait, sur la route de Valenciennes à Condé, qu'un seul village, ou plutôt un hameau, le hameau d'Escaupont. Tout le reste du pays était couvert par l'immense forêt charbonnière qui appartenait aux seigneurs, et, bien que le bois mort n'y manquât point, les pauvres gens soufflaient souvent dans leurs doigts, quand hurlait la vent de bise.
En ce temps-là vivait Escapont un marissiau, ou maréchal ferrant, qui avait nom Jean Hullos, mais qu'on appelait communément le Cacheux, ce qui, selon les uns, veut dire le chasseur, à cause qu'il aimait beaucoup à braconner, et, selon d'autres, le chercheur, parce qu'il avait toujours l'air de chercher quelque chose.
Or, un soir d'hiver que le Cacheux rôdait par la forêt, sur le mont d'Anzin, il avisa, au loin, une lumière rougeâtre qui brillait à travers les arbres.
Jean se dirigea de ce côté, car il gelait fort ce soir-là, et les dents lui claquaient comme le bec des cigognes.
Il arriva bientôt devant une hutte, regarda au travers de la porte et vit un grand feu qui flambait dans l'âtre.
On eût dit qu'il y avait dix lampes allumées, tant ce feu était clair et brillant, et, pourtant, il ne semblait fait ni de bois, ni de tourbe, ni de paille, ni de feuilles sèches, mais biend e grosses pierres noires, qui brûlaient comme des tiges de colza.
Trois hommes, trois nains, tout noirs des pieds à la tête, étaient accroupis autour du foyer.
Un autre, à la place de Jean, se serait enfui bien vite, mais le marissiau avait la poigne comme son étau et ne craignait ni vent ni orage. Il était seulement étonné et pensait que ces pierres lui viendraient bien à point, à lui, qui, souvent, avait tant de peine à chauffer le gros fer.
Il tira sa pipe et, entr'ouvrant la porte, il dit, selon l'usage :
- Peut-on l'allumer, nos gens ?
L'un des trois nains lui fit signe d'entrer et, tout en bourrant sa boraine (pipe), Jean put observer ses hôtes.
Ils étaient complètement nus et velus comme des ours.
- Qu'est-ce que vous brûlez donc là, nos maîtres, sans être trop curieux ? demanda Jean Hullos.
Les trois nains se mirent à ricaner et à grimacer, après quoi, le premier dit aux autres, en désignant le sol :
- Si on le savait, qu'il y a là-dessous, au fin fond du tréfonds, des trésors plus précieux que l'or et les diamants !
Puis il ajouta :
- Quand le chat n'y est pas, les souris dansent !
Et il fit une grimace, accompagnée d'un ricanement.
- Si on le savait, dit le second, qu'un jour les entrailles de la terre brûleront au soleil, les voitures marcheront sans chevaux, les vaisseaux vogueront sans voiles et les lampes brilleront sans huile !
Puis il ajouta :
- Quand le soleil est couché, toutes bêtes sont à l'ombre.
Et, comme son voisin, il couronna sa phrase par une grimace et par un ricanement.
- Si on le savait, dit le troisième en faisant les cornes, que, quand les hommes pilleront ses provisions, petit à petit, son règne finira dans le monde et qu'un jour, peut-être, sa marmite sera renversée.
- Qui ça ? De qui parlez-vous ? s'écria Jean.
Mais soudain retentit un coup de sifflet qui paraissait venir des tréfonds. Les trois nains se levèrent, rapides comme des écureuils, et disparurent  par un grand trou que le Cacheux n'avait point remarqué.
- Nom d'une pipe ! J'en aurai le coeur net ! dit-il, et il s'élança derrière eux, dans un puits sans fond.
Jean Hullos descendit par une échelle roide et, au bout d'une heure, il arriva dans une sorte de cave ronde, d'où partaient de longues galeries basses, comme les raies d'une roue partent du moyeu.
Des lumières innombrables allaient et venaient dans ces galeries. Le Cacheux reconnut  que c'étaient autant de nains qui, le front éclairé par des langues de feu, s'occupaient à une besogne étrange.
Les uns, accroupis ou couchés sur le flanc, enlevaient à coups de pic d'énormes blocs de pierre noire ; d'autres chargeaint sur de petits chariots, que d'autres enfin traînaient par les galeries.
Ils remplissaient leur tâche avec une adresse et une agilité incomparables, riant, criant, gesticulant et gambadant comme une troupe de singes.
- Que faites-vous donc là, mes gars ? leur demanda Jean Hullos.
- Ah ! si on le savait, dit l'un d'eux, que c'est ici qu'on lui fournit de quoi les faire cuire !
- Qui ?... mais qui donc ? s'écria le Cacheux.
- Ah ! si on le savait ! si on le savait ! reprirent en choeur ses compagnons.
- Nom d'une pipe ! On le saura ! fit-il.
Et il enfila une des galeries, à la suite de quelques petits chariots.
La galerir débouchait sur une vaste plaine, où s'élevaient encore d'énormes tas de pierres noires.
Près de là coulait un fleuve aux eaux jaunes et vertes, que traversaient de larges barques toutes chargées de ces pierres.
Jean grimpa sur un des tas pour voir de plus loin et, de l'autre côté du fleuve, il aperçut, à travers un épais nuage de fumée, une.......

A suivre...

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité