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Des contes et légendes
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24 décembre 2006

Le moineau de Berzélius (suite et fin)

Num_riser0064
Le portier aperçut le moineau de Berzélius

De guerre lasse, notre homme alla, un dimanche, à l'heure mystérieuse, se poster à côté de l'horloge. Et que vit-il, quand arriva la fameuse minute ? Devinez un peu. Il vit le moineau de Berzélius qui était perché sur la grande aiguille et qui pesait sur elle de tout son petit poids d'oiseau frêle, pour l'empêcher d'amener cette heure de dix heures si terriblement fertile en consignes. Et son minuscule oeil rond était plus malin que jamais, ses ailes grise battaient aussi joyeusement qu'au sorti de l'infernale machine pneumatique. Il était si heureux, si heureux, le pauvre petit, de payer ainsi sa dette à ces gentils polytechniciens, grâce à qui il pouviat encore piailler tout à son aise parmi les fraîches verdures du printemps !
Le portier avait le coeur encore plus dur que Berzélius. A la sortie suivante, il eut la méchanceté d'enduire de glu la grande aiguille de l'horloge. Le brave moineau vint s'y poser comme de coutume, sans défiance, et avec son petit air effronté et malicieux. Hélas ! voilà ses pattes qui se collent, et c'est en vain qu'il remue désespérement ses ailes. Mais il était dit que les polytechniciens ne seraient pas plus ingrats que lui.
Quand ils virent arriver dans la cour pleine d'ombre le portie serrant l'oiseau dans sa grosse main et criant : "Je le tiens !" ils se jetèrent sur lui et furent assez heureux pour donner la volée à leur petit ami.
Dans la suite, celui-ci ne quitta jamais la cour de l'Ecole, et, souvent, par les fenêtres ouvertes de leurs études, ceux qui étaient deux fois ses sauveurs entendirent monter vers eux ses petits "couic" joyeux et reconnaissants.
Comment cette touchante légende a-t-elle pu se former ? On ne saurait le dire.
Peut-être quelque retardataire du dimanche aperçut-il, en effet, percher sur l'aiguille fatale, un moineau qui n'avait sans doute rien de commun avec celui de Berzélius. Mais, à vingt ans, l'imagination va vite. La fleur de poésie ne demande qu'à germer dans les coeurs ardents et juvéniles.
Tout de suite, les polytechniciens ont dû rapprocher cet oiselet de celui qu'ils avaient sauvé des mains meurtrières du vieux savant. Et c'est ainsi que, peu à peu, a pu se forger la petite histoire que je viens de vous conter.
La traditionest venue alors la consacrer, et, depuis ce temps, dans le langage des élèves, l'horloge de l'Ecole polytechnique s'appelle le berzélius.

Louis SONOLET

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