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Des contes et légendes
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Des contes et légendes
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9 décembre 2006

La ronde des fées (resuite)

- Tiens, n'est-ce pas le tambour qui bat de la trompette qui sonne ? dit la veuve à sa fille, va donc voir ce que c'est.
Christine courut en remontant la ruelle au fond de laquelle était sa chaumière, et, lorsqu'elle arriva dans la rue, elle vit, entourés de vieilles et surtout de jeunes femmes , deux crieurs publics faisant retentir d'une voix de stentor l'annonce suivante :
"C'est à seule fin de faire assavoir à  ses ames et féaux, bourgeois, manants et vilains de sa châtellinie, qu'à l'occasion de la fête du village, Monseigneur de M... donnera dans son manoir un grand bal de nuit auquel il convie toutes les jouvencelles qui cette lecture entendront, et qu'il dotera comme il convient celles qui, au jugement de nos gracieuses dames les châtelaines, seront mises avec le plus de goût et dans le meilleur genre."
- Bon, se dit Christine en accourant chez elle, voilà bien mon affaire : je tiens la dot, à moins que le guignon ne s'en mêle.
Tout le temps qui s'écoula jusqu'à l'arrivée de la fête fut employé par elle à faire l'essai de ses toilettes, à choisir les plus élégantes, et à réparer autant que faire se pouvait les désastres qu'avait subis sa beauté. Grâce à l'application ingénieuse de fards, d'une chevelure et de dents postiches, Christine faisait encore une petite personne assez présentable. Aussi, le jour arrivé, procéda-t-elle à sa parure avec coquetterie qui, dans sa pensée, devait humilier et confondre toutes les jeunes filles des gros fermiers et des riches vignerons qu'elle avait si longtemps jalousé. Robe de soie à falbalas avec manches à gigots, ceinture bleu ciel avec larges bandes d'argent piquées de pierres précieuses, collerette de fine batiste brodée à la main, bonnet de même étoffe et de même broderie, châle tapis du plus haut goût et de la dernière mode, petis souliers à talons montés et à boucles d'or ciselées, bagues d'or à tous les doigts, et par-dessus tout la merveilleuse petit montre qu'elle allait exhiber à tous les regards. Ainsi attifée, elle partit à la nuit tombante pour le lieu du rendez-vous. Quand elle entra dans la salle de danse, toutes les femmes qui la reconnrent se regardèrent avec stupéfaction et se dirent entre elles : "Mais voyez donc, voyez donc : est-ce que ce n'est pas la Titine Rossignol ? mais oui, c'est elle ; où diantre a-t-elle pris tout cet attirail ? Bref, ce fut un scandale général ; et les suppositions les plus malveillantes, les propos les plus offensants allèrent si bon train, que la pauvre fille se sentit le point de mire de tous les yeux et l'objet de toutes les railleries.
Quand les dames instituées juges du concours l'observèrent en détail, choquées, et peut-être aussi quelque peu jalouses, elles la déclarèrent mise contre toutes les règles du bon goût et le respect des convenances, et elles se détournèrent d'elle avec un geste méprisant. Tout à coup entra dans l'immense salle un valet en livrée et galonné sur toutes les coutures. Elevant la voix avec force, il annonça que le fils du roi, de passage en ces lieux, allait venir prendre part à la fête, et qu'il se réservait de désigner, entre toutes les beautés présentes, celle à laquelle devait être décerné le prix. Grande sensation parmi les assistants, et surtout parmi les aspirantes à la dot seigneuriale. Quand le prince fit son entrée au milieu d'un silence solennel et de murmures d'admiration, on fit ranger toutes les concurrentes en un vaste cercle, et le fils du roi le parcourut en portant sur chacune d'elles un examen attentif.

A suivre...

Num_riser0003

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