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Des contes et légendes
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8 décembre 2006

La ronde des fées (suite)

Cela dit, la jeune villageoise s'approche pour faire ses emplettes. Chaque objet qu'elle palpe s'attache, pour ainsi dire, à ses mains, et elle ne le dépose que pour le reprendre, le déposer encore et finir par le garder. En étanchant ainsi son ardente soif de vanités, la pénétrante sensation qu'elle éprouve est telle qu'elle ne s'aperçoit ni de l'heure qui s'enfuit, ni des robes, des châles et des coiffures que les fées empaquettent et empilent avec soin, ni surtout de son front qui se dénude et des ravages qui se font dans sa chevelure. Par moment elle portait bien la main à sa tête, mais au même instant une bague, un collier, une chaîne d'or scintillaient à ses yeux, et elle s'en emparait en disant : "Plus que cela, et ce sera fini." Mais oui, cela n'avait plus de fin. Il en fut de même à l'autre bout de la table, lorsqu'elle s'appropria des parures de perles, de saphirs, de topazes, de rubis, et l'on sait à quel prix ; et quand elle fut au milieu, toutes les magnificences qui s'y trouvaient amassées exercèrent sur elle une telle fascination que, perdant la tête et oubliant qu'il y allait cette fois de sa beauté, la malheureuse s'aperçut à peine qu'elle saisissait et fourrait dans sa poche une petite montre faite d'un seul diamant, et dont les fées lui disaient q'elle avait la vertu magique de se remonter et de se régler elle-même. En mettant la main dessus, elle éprouva bien un vif serrement de coeur, mais cette impression passa comme un éclair. Ayant caché sous des bottes de foin qui se trouvaient là toutes les richesses qu'lle avait acquises, et avec l'intention de venir les chercher dès l'aurore avec son âne, elle s'enfuit à sa demeure et rentra dans sa chambrette aussi silencieusement qu'elle en était sortie. C'est alors seulement que la réflexion lui revint et qu'elle commença de se rendre compte de ce qu'elle avait fait. S'étant placée devant son miroir, de quelle horreur ne fut-elle pas saisie à la vue de l'image qui s'y peignit !
Jamais elle ne put reconnaître sa propre figure. Son crâne, il était tout aussi nu, tout aussi pelé que les citrouilles de son jardin, et ne conservait qu'une mèche de trois cheveux pendant sur son cou ; de ses dents, de ses belles dents, il ne restait plus que les alvéoles, sauf une incisive longue, noire et cariée branlant sur le devant de sa bouche ; et enfin son visage, à l'exception de son nez, était tout criblé de marques de petite vérole ! Ainsi c'est donc toute chauve, grêlée et édentée que, naguère si fière de sa beauté, la pauvre Christine allait désormais paraître au milieu de ses compagnes. Mais bah ! ne possédait-elle pas les plus brillants atours sous lesquels elle saurait bien dissimuler toutes ces laideurs !

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